À la belle saison, nos compagnons à quatre pattes peuvent être exposés à divers dangers parmi lesquels les envenimations par les crapauds et les serpents.

Les envenimations par les crapauds

Les envenimations par les crapauds ont principalement lieu entre avril et septembre avec un pic en plein été. Les animaux les plus touchés sont les jeunes chiens qui vont essayer de jouer avec le crapaud, le lécher ou le prendre dans la gueule.

Le venin des crapauds est très irritant et va causer, dans les minutes qui suivent le contact, une hypersalivation importante.
Le venin peut également entrer en contact avec les yeux et engendrer une conjonctivite, des ulcères ou une uvéite (inflammation des tissus intra-oculaires).
Des signes digestifs peuvent ensuite apparaître (vomissements, diarrhée), ainsi qu’un abattement, des troubles neurologiques (désorientation, tremblements, convulsions) ou encore des troubles cardiaques pouvant évoluer vers la mort de l’animal.
La gravité des signes cliniques varie fortement selon la taille du chien exposé : pour un chien de petite taille, le contact buccal avec le venin du crapaud peut être mortel.

Une hospitalisation sera nécessaire en cas de signes digestifs, neurologiques ou cardiaques. Il n’existe aucun antidote au venin du crapaud, le traitement mis en place par votre vétérinaire sera donc un traitement symptomatique adapté aux troubles observés (perfusion, anti-vomitif, pansement digestif…).

Quels gestes adopter en urgence ?

Commencez par rincer la gueule de l’animal à l’eau claire. Si les yeux ont été atteints, rincez-les avec du sérum physiologique. Contactez votre vétérinaire sans tarder. Il pourra observer les symptômes présents et estimer leur gravité.

Les envenimations par les serpents

En France, seules les vipères sont venimeuses. Elles sont représentées sur tout le territoire. Les envenimations ont lieu de mars à novembre avec un pic au printemps et à l’automne.
Les animaux, aussi bien chien que chat, vont se faire mordre après avoir tenté de chasser ou de tuer la vipère. Celle-ci n’injecte cependant pas obligatoirement son venin en cas d’attaque.
Environ 10% des morsures vont entraîner une envenimation (dont 10% seront graves). Les chiens de petite taille, les chiots et les animaux âgés sont les plus sensibles.

Les morsures sont, le plus souvent, localisées au niveau de la face et des membres antérieurs.
Les signes cliniques vont se manifester dans les minutes et les heures qui suivent.
Un œdème va tout d’abord apparaître dans la zone de la morsure, occasionnant douleur, démangeaisons et éventuellement une boiterie (selon la localisation de la plaie). Les traces des crochets (deux points distants de 0,5 à 1cm) sont parfois visibles au niveau de la zone de morsure. Les lésions peuvent ensuite évoluer vers une nécrose locale (mort des cellules des tissus de cette zone).
Les lésions locales passent parfois inaperçues mais d’autres symptômes vont alerter les propriétaires : fièvre, abattement, baisse d’appétit, diarrhée, vomissements, saignements, paralysie, troubles respiratoires, troubles de la coagulation, ictère…
Certaines complications particulièrement graves peuvent survenir et être rapidement fatales comme une insuffisance rénale aiguë ou une CIVD (Coagulation IntraVasculaire Disséminée : un trouble de la coagulation caractérisé par la formation anormale de caillots sanguins dans la circulation sanguine).

En France, en l’absence d’antivenin disponible, la prise en charge de l’animal souffrant d’une envenimation est basée, en fonction des symptômes observés, sur la fluidothérapie, l’administration de corticostéroïdes, une couverture antibiotique, l’administration d’antalgiques et de vitamine K. Une transfusion peut être indiquée en cas de troubles de la coagulation ou d’anémie sévère.
Le pronostic est réservé dans les premiers jours d’hospitalisation. Passé ce stade, la plupart des animaux ayant survécu récupèrent sans séquelles à long terme.

Quels gestes adopter en urgence ?

N’essayez en aucun cas de capturer le serpent qui pourrait mordre à nouveau.
Vous pouvez appliquer sur la zone de morsure une compresse imbibée d’eau froide ou une poche de glace, cela va soulager la douleur et limiter la diffusion du venin. Une désinfection est également possible avec un produit sans alcool ni éther .
Amenez le plus rapidement possible votre animal chez votre vétérinaire.

 

Quels gestes sont contre-indiqués ?

Il est fortement déconseillé d’utiliser des désinfectants à base d’alcool ou d’éther qui vont favoriser la diffusion du venin. De même, l’application de chaud ou d’une flamme au niveau de la morsure est inutile, le venin de vipère n’étant pas sensible à la chaleur.
Il est également déconseillé d’aspirer le venin (avec un Aspivenin notamment), d’inciser la plaie ou de poser un garrot. Enfin l’administration d’un sérum antivenimeux destiné aux humains risque de provoquer un choc anaphylactique. Dans tous les cas, consultez sans tarder votre vétérinaire.

En conclusion, si vous souhaitez que vos compagnons profitent pleinement des joies des promenades ou de votre jardin, évitez de les laisser sans surveillance trop longtemps.

Auteur : Dr. Manent-Manent Marion et illustratrice : Dr. Caroline Allard – Vetup®