De nombreuses sortes de corps étrangers peuvent accidentellement se retrouver dans l’organisme de votre animal : un objet non comestible est avalé lors d’un jeu ou d’une balade; un élément de petite taille va se planter sous la peau (épine, épillet, écharde, morceau de verre), se glisser sous les paupières ou encore être inhalé. Les symptômes observés varieront selon le type de corps étranger présent et sa localisation.

 

Ils iront d’une simple gêne observée à des symptômes beaucoup plus marqués et aux conséquences parfois très graves. Tout changement brutal de comportement de votre animal ou tout symptôme d’apparition soudaine doivent donc vous inciter à consulter votre vétérinaire sans tarder.

Pénétration accidentelle d’un corps étranger dans l’organisme

À l’occasion d’une promenade, ou lors d’une période de jeu, un élément de petite taille, plus ou moins pointu, peut s’introduire dans le corps de votre animal par diverses voies. Il peut s’agir d’un objet de petite taille (perle, petit morceau de jouet…), d’un morceau de verre brisé, d’un végétal (herbe, épillet…). Parmi ces différents types de corps étrangers, les épillets sont particulièrement “sournois” : ces petits morceaux de plantes secs sont capables de s’introduire partout et leur forme les empêche de ressortir une fois qu’ils ont pénétré dans l’organisme (oreille, nez, sous la peau…)

Certains symptômes d’apparition soudaine peuvent fortement évoquer l’entrée d’un corps étranger dans l’organisme de votre animal :

  • Si votre animal commence subitement à éternuer, sans pouvoir s’arrêter, si vous notez la présence d’un écoulement sanguinolent au niveau d’une de ses deux narines ou encore s’il se met à se racler la gorge incessamment, l’inhalation d’un corps étranger et sa localisation en région nasale ou naso-pharyngée doit être suspectée (herbe, épillet, perle…).

Chien Fila Brasileiro qui éternue

  • Si votre chien ou chat secoue la tête de façon soudaine, s’il se met à pencher la tête au retour d’une promenade, il faut penser qu’un corps étranger auriculaire peut être présent (herbe, épillet, insecte…). Si cet objet n’est pas retiré rapidement, l’animal va continuer de secouer la tête, se gratter l’oreille et l’inflammation générée va provoquer une otite secondaire.
  • Si votre animal refuse tout à coup de prendre appui sur une de ses pattes et se met à se lécher incessamment le bout de la patte, les doigts… Il faut penser qu’un petit élément (épine, épillet, morceau de verre brisé) a pu pénétrer dans un de ses coussinets ou dans la zone interdigitée. Si le corps étranger n’est pas extrait, une inflammation et un abcès vont très probablement se développer dans la zone concernée. Il pourra même provoquer une inflammation et une infection sur une zone beaucoup plus étendue.

  • Ces mêmes types de corps étrangers peuvent également pénétrer par toutes les zones où la peau est très fine comme en région inguinale (au niveau de l’aine), au niveau de l’ars (aisselle chez l’homme), ou de la peau entre les doigts… Ils peuvent même s’insinuer dans les voies génitales (urètre). Là encore, l’animal va lécher la zone concernée avec insistance et une infection probablement se développer.
  • Si votre animal n’ouvre subitement plus l’œil, s’il se frotte la face sur les bords des meubles ou avec la patte et qu’un écoulement apparaît au niveau de l’œil, il est probable qu’un corps étranger se soit glissé entre les paupières de votre compagnon. Les frottements répétitifs du corps étranger sur l’œil ainsi que le grattage incessant de l’animal provoquent très souvent un ulcère cornéen, lésion qui doit être traitée rapidement pour éviter de graves lésions oculaires.

Toute constatation de l’un de ces comportements chez votre animal, doit vous amener à consulter rapidement votre vétérinaire. Il examinera votre animal et essayera d’extraire le corps étranger avant qu’il n’ait pénétré plus profondément et ne provoque des lésions beaucoup plus graves. Prévoyez d’amener votre animal à jeun car une sédation est souvent nécessaire.

Ingestion d’un corps étranger

L’ingestion d’objets non comestibles par les animaux est très fréquente, qu’il s’agisse d’un morceau de jouet, d’une corde mâchonnée, de fil à tricoter, d’un petit vêtement qui traîne à la maison (chaussette), d’un fragment d’os, d’épingles, d’un hameçon ou encore d’un morceau de bois… L’imagination de nos compagnons est sans limite !

Chat qui mâche des crayons

L’objet avalé, s’il ne parvient pas à transiter tout au long de l’appareil digestif et à ressortir “naturellement”, va se bloquer au niveau de la gueule, de l’œsophage, l’estomac ou encore l’intestin et créer une occlusion.
Ces objets, selon leur nature, pourront être plus ou moins contondants, coupants… et seront responsables d’une importante inflammation, de blessures et de déchirures à divers niveaux du tube digestif.

  • Un animal peut, par exemple, se planter un hameçon de pêche dans la gueule, au niveau des babines, de la langue… Il peut également l’avaler. L’hameçon va alors s’accrocher dans n’importe quelle zone, le long de l’œsophage. Si vous voyez le fil de pêche dépasser, ne le coupez surtout pas et consultez immédiatement votre vétérinaire. L’hameçon sera ainsi plus facilement extrait par endoscopie, ce qui pourra éviter une intervention chirurgicale plus lourde à votre animal.

Chien qui a avalé un hameçon
Chien ayant avalé un hameçon : le fil est bien visible ainsi qu’un peu de sang au bord de sa gueule

  • Lorsqu’un objet vient se coincer dans l’œsophage, l’animal présente du ptyalisme (salivation abondante), des efforts de régurgitation, des difficultés pour s’alimenter… Dans certains cas des troubles respiratoires peuvent apparaître suite à la compression de la trachée ou des bronches par le corps étranger. Une endoscopie est très souvent nécessaire afin de retirer le corps étranger. Toutefois, une chirurgie est parfois le seul moyen d’extraire l’objet. La localisation œsophagienne concerne davantage les chiens de petit format qui ont un œsophage de diamètre plus petit.
  • Des vomissements, une perte d’appétit et une baisse de forme peuvent résulter de la présence d’un corps étranger gastrique. L’objet ingéré peut être plus ou moins bien toléré et rendre le diagnostic difficile. Il est important de faire examiner votre animal par un vétérinaire qui réalisera un examen clinique complet puis une radiographie et/ou une échographie si nécessaire. Le traitement dépend de la taille, du type de corps étranger avalé et du temps écoulé depuis son ingestion. Si vous voyez votre animal ingérer l’objet, amenez-le rapidement chez votre vétérinaire. Selon ce qui a été ingéré, ce dernier lui fera éventuellement une injection pour le faire vomir et ainsi tenter de lui faire rejeter l’objet. Dans d’autres cas, une endoscopie ou une intervention chirurgicale seront nécessaires.


Radiographie révélant la présence d’un corps étranger dans l’estomac d’un chien

  • Lorsque le corps étranger vient se localiser plus bas, au niveau de l’intestin grêle, et qu’il provoque une occlusion, les signes cliniques sont plus marqués. Une fatigue sévère, une perte d’appétit, des vomissements continus, incoercibles, une perte de poids et une déshydratation sont souvent présents. Là encore, des examens d’imagerie (radiographie, échographie…) pourront mettre en évidence la présence de l’objet. Le retrait du corps étranger nécessite alors une intervention chirurgicale.

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Les différents symptômes observés lors de la pénétration ou de l’ingestion d’un corps étranger (écoulements oculaires, boiterie, otite, démangeaisons, hypersalivation, vomissements, perte d’appétit…) ne sont pas spécifiques et peuvent être observés dans d’autres pathologies (infection, allergie, fracture, tumeur, sténose, œsophagite, gastrite, insuffisance rénale, hépatique, pancréatite…). En cas de doute, un examen médical et des examens complémentaires pratiqués par votre vétérinaire (bilan sanguin pour recherche d’une anomalie biochimique, radiographies, échographie, endoscopie, scanner…) seront nécessaires à l’établissement d’un diagnostic. Une fois le corps étranger décelé et sa localisation précisée, il sera possible de choisir le meilleur moyen de l’extraire.

Auteur : Dr. Yaiza Ara-Ripalda. Illustratrice : Dr. Caroline Allard – Vetup®